La pédagogie au service de la sensibilisation pour protéger les stagiaires et alternants avec #BalanceTonStage

Sensibilisation sexisme entreprise stage alternance pédagogie accompagnement

Depuis les débuts d’halfonse nous avons rencontré des dizaines d’étudiants, ils nous ont confiées leur histoire. Certains ont fait face à du harcèlement, du sexisme, des abus. Des expériences qui ont bouleversé la poursuite de leurs études, la poursuite de leur vie.
Dans la plupart des cas, ils nous ont avouées ne pas oser arriver à se confier à leur entreprise d’accueil et à leur école. Il est difficile pour un étudiant de savoir comment réagir, agir et se protéger. 
L’association Balance ton stage agit pour sensibiliser à ces risques et problématiques. Créée par 3 étudiants Camille, Agathe et Simon, leur démarche est positive, constructive et pédagogique !

Comment agissez-vous aujourd’hui pour aider les étudiants, les organismes et les acteurs de la formation ?

Nous avons plusieurs champs d’action :

Notre compte Instagram @balancetonstage afin de sensibiliser et de recueillir les témoignages des étudiants dans l’objectif de libérer la parole.

La diffusion de notre Petit Manuel du Sexisme en Entreprise qui vise à sensibiliser les étudiants au sexisme.

Des enquêtes afin de mesurer le degré de sensibilisation des étudiants et adapter nos messages.

La sensibilisation et la formation : Nous nous rendons dans les écoles et dans les entreprises pour sensibiliser les étudiants, le corps enseignant mais aussi les ressources humaines, les référents, les tuteurs et tutrices en entreprise. Durant 1 heure nous donnons les clés, notamment juridiques, pour identifier le sexisme, s’en protéger et en parler en tant que victime et en tant que témoin. Nous illustrons systématiquement les nouveaux concepts par des témoignages d’étudiants. Les témoignages permettent au public de comprendre, de rentrer en empathie et de s’identifier à d’autres étudiants.

L’accompagnement et le conseil des écoles et entreprises dans la mise en place de plans d’actions pour protéger les stagiaires et accompagner les victimes.

 

Qu’est-ce qui vous a frappé en lançant le compte instagram @balancetonstage ?

On pensait atteindre 100 personnes à tout casser et très vite il y a eu beaucoup plus de followers que prévu, nous en avons aujourd’hui 21,9K. Nous nous sommes vraiment rendu compte que nous avions pointé du doigt un vrai problème et surtout un vrai besoin. Les étudiants souhaitaient s’emparer du sujet du sexisme en entreprise, un sujet déjà abordé oui, mais jamais du point de vue du stagiaire et de l’alternant.

Vous avez mené plusieurs études sur le sexisme en entreprise auprès des étudiants, qu’avez vous pu constater ?

Nos enquêtes et les témoignages ont révélé que le stagiaire à un statut particulier : Il est exposé plus durement, parfois, au sexisme. L’étudiant fait face à plusieurs peurs telles que la mise en danger de son diplôme due à la perte de son stage, la peur de se mettre des entreprises à dos, de ne pas être cru et donc de mettre en péril, dès le départ, sa carrière professionnelle.

Quels sont les besoins que manifestent les étudiants qui sont victimes de sexisme ?

En parler, se confier, être accompagné

Les étudiants ne savent généralement pas vers qui se tourner lorsqu’ils sont victimes ou témoins de sexisme. Depuis la création de notre compte instagram : @balancetonstage, plein d’étudiants se confient à nous, ils nous font part de leur témoignage et nous remercient d’avoir ce moyen pour libérer leur parole. Leur témoignage s’accompagne parfois de demande de conseils : À qui je devrais en parler ? Est-ce-que ce que je vis est normal ? Est-ce-que je devrais quitter mon stage ? On essaye à chaque fois de personnaliser notre message en fonction de la situation et du degré de gravité et on les redirige vers les bonnes personnes pour avoir un soutien psychologique et juridique si nécessaire. On ne prétend pas du tout être ni psychologue, ni avocat, ni la justice, ni rien du tout. On les encourage vraiment à en parler autour d’eux, à leur famille, leurs amis, entreprise, école.

Quelles sont les réactions que vous avez pu observer des écoles ? Comment les écoles se positionnent face à ce phénomène ?

Les écoles ont récemment pris conscience du phénomène à travers l’émergence d’initiatives étudiantes telles que #balancetonstage, #sciencesporcs ou encore le rapport de l’OVSS. Elles ont compris que c’est aussi de leur responsabilité de lutter contre les violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur que ce soit sur le campus, dans la vie étudiante et associative mais aussi dans les périodes en dehors de l’établissement telles que les stages et alternance. Certaines écoles mettent d’ailleurs en place des mesures, c’est souvent des plateformes de signalement ou des cellules d’écoute. 

Quels sont les effets positifs que vous observez grâce à la sensibilisation des écoles, étudiants et entreprises ?

Les entreprises font appel à nous. Au début de notre aventure, nous n’imaginons pas travailler aux côtés des entreprises. Cependant, nous avons toujours adopté un ton bienveillant, les entreprises comprennent que nous pointons le problème mais que nous voulons aussi offrir et imaginer des solutions main dans la main ! Au départ, ça fait peur de travailler avec “un Balance Ton Stage” mais lorsqu’on leur explique l’initiative et notre démarche, ils ont envie de travailler avec nous car nous sommes là pour leur offrir des solutions et accompagner le changement.

Quels conseils donneriez-vous aux écoles et entreprises pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles ?

Communiquer, prévenir et sensibiliser 

Il faut agir pour libérer la parole en communiquant, notamment, contre les violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur. Il est primordial de sensibiliser les étudiants en amont de leur départ en entreprise. Il faut qu’ils sachent que ça existe, ce que c’est et comment réagir si cela leur arrive ! L’école peut affirmer son soutien aux étudiants. Vous pouvez retrouver notre Petit Manuel du Sexisme en Entreprise ICI.

Réviser les conventions de stage 

Il faut affirmer dès le départ une tolérance 0 de l’école en vers l’organisme d’accueil sur les situations de discrimination incluant le sexisme. En ayant notamment la possibilité de rompre un contrat s’il y a des cas d’outrages, harcèlement sexuel…

Suivre les étudiants en stage et alternance

Il faut qu’il y ait un suivi pendant les stages et après les stages car on s’est rendu compte pendant nos études que parmi les victimes seulement 6% en ont parlé à leur école. Ils n’en parlent pas d’eux même, soit parce qu’ils ont peur, ils ont honte ou aussi parce qu’ils ne savent pas forcément que l’école est là. Nous on pense que c’est à l’école de faire ce pas là et d’aller demander aux étudiants, comment se passe votre stage ? C’est là que halfonse, votre outil est hyper pertinent et nécessaire !

Mener des enquêtes 

Les écoles en menant une enquête interne, mais aussi conjointement avec les ressources humaines des entreprises, peuvent constater l’ampleur du phénomène et agir. Elles peuvent adapter la communication et la sensibilisation à leurs étudiants.

Quelle est votre vision du stage et de l’alternance idéal ?

L’idéal est évidemment que personne ne soit face à une situation de violence quelle qu’elle soit. Cependant nous n’y sommes pas encore. Les stagiaires et les alternants sont les managers et les collaborateurs de demain. Alors, nous aimerions que les entreprises veillent au bien-être de leur stagiaire tout autant qu’à celui de leurs salariés en instaurant un climat bienveillant et de confiance. Nous imaginons un monde dans lequel les étudiants connaissent tous la limite de l’acceptable et ne tolère plus l’intolérable.